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Systemique des couts sociaux 3La systémique des coûts sociaux

Un cas concret pour illustrer la systémie des problématiques sociales et donc des coûts sociaux. Un client, une collectivité, nous mandate en 2015 pour une étude de l’impact de l’instauration d’une journée de carence. Nous disposons des données 2010-2014 et ce dispositif ayant été déployé dès 2012, prolongé en 2013 puis abrogé début 2014, nous disposons de données avant, pendant et après, ce qui est très bénéfique pour étudier un tel phénomène.

Le dispositif ayant été proposé pour contribuer à la réduction des arrêts courts, c’est ce point que nous vérifions en premier lieu. Effectivement, nous constatons que le nombre d’arrêts courts a baissé et même significativement les deux années pendant lesquelles ce dispositif était en vigueur. Nous n’avons d’ailleurs pas de mal à vérifier l’impact du dispositif puisqu’une fois ce dernier abrogé, le nombre d’arrêts courts est quasiment revenu au niveau qui était le sien avant son instauration. La journée de carence freine donc la déclaration d’absences puisqu’elle en réduit la fréquence.

En modélisant l’absentéisme comportemental, nous avons par ailleurs constaté une tendance similaire, c’est-à-dire baisse pendant les deux années du dispositif et remontée quasi à l’identique dès son abrogation.

Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme

Fin de l’histoire ? Certainement pas. C’est précisément là qu’intervient la dimension systémique des problématiques sociales. L’idée est donc de réfléchir aux autres formes que pourraient prendre l’absentéisme lorsque ce dernier est contraint en partie par le dispositif. Après tout, souvenons-nous d’Antoine Lavoisier et son très fameux « Rien ne se perd, rien ne se perd, tout se transforme. »

Plusieurs hypothèses émergent et nous les avons toutes vérifiées. Puisque que la journée de carence concoure à une perte de pouvoir d’achat pour certains agents malades, nous avons vérifié l’évolution du présentéisme, c’est-à-dire le fait que de agents viennent au travail alors qu’ils sont malades. Cette modélisation statistique du présentéisme indique qu’il a effectivement augmenté pendant en 2012 et 2013, puis qu’il est retombé après. Il y a donc eu une augmentation du présentéisme les deux années d’application du dispositif puis une retombée ensuite, donc le dispositif a causé une hausse du présentéisme. Donc moins d’absents, mais plus de présentéistes !

Et ce n’est pas tout ! Nous avons également observé pendant ces deux années 2012 et 2013 une augmentation de la durée moyenne des absences et encore plus curieux une augmentation des accidents de travail et même des accidents de trajet.

Conclusion ? Le sujet n’est pas ici de statuer sur la question de l’efficacité de ce dispositif de la journée de carence. Ce que révèle ce cas c’est la dimension systémique des problématiques sociales, c’est-à-dire qu’il y a une interdépendance entre elles, il peut y avoir des effets de transfert d’un phénomène vers un autre. C’est la raison pour laquelle il faut analyser ces problématiques sociales globalement et toujours réfléchir aux effets secondaires potentiels de tel ou tel mesure.


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