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Chroniques QVT

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Engagement et reconnaissance

De nombreuses études et de nombreux experts confirment l'importance la rétribution morale dans les relations professionnelles, ce que l'on nomme désormais reconnaissance au travail. Par exemple « la demande de reconnaissance est devenue une composante essentielle de la vie au travail » ou « la mobilisation d'un individu est tributaire d'un espace, d'une zone de liberté où il pourra jouer sa contribution personnelle ainsi que, plus important encore, l'espoir de recevoir une rétribution symbolique : la reconnaissance au travail » et encore « le manque de reconnaissance serait le problème le plus difficile à supporter dans le travail[3] ».

Si tout le monde est s’accorde sur ce diagnostic, pourquoi le problème de la reconnaissance au travail demeure t-il si aigu ?

Il me semble que la raison principale est dévoilée par une analyse sémantique simple. Dans reconnaissance il y a connaissance. Or, il y a au moins deux sujets majeurs de connaissance qui semblent désespérément imperméables à nos esprits :

  • Connaître le travail. Notre incapacité à exprimer de la reconnaissance s’explique sans doute par notre grande ignorance des processus de réalisation du travail. Par exemple, quelle est la charge mentale pesant sur les opérateurs des centres d’appels qui sollicitent des prospects en lisant des scripts pré-formatés 8h par jour? Ou encore, a quelle température sont confrontés les ouvriers en été lorsque pour faire lever la pâte plus rapidement on renonce à toute climatisation dans certaines boulangeries industrielles? Que savons-nous et que voulons nous savoir des conditions de travail, de la complexité physique, psychique, cognitive et émotionnelle des activités de ceux que nous côtoyons? Dans une société dominée par l’apparence, les services et la vitesse, nous semblons avoir perdu contact avec la réalité du travail, les efforts et le temps nécessaire pour l’accomplir.
  • Se connaître. La reconnaissance est un jugement de valeur qui implique la subjectivité de la personne qui l’émet. Comment reconnaître autrui et son travail sans se connaître soit même? Le jugement porté à autrui n’est-il pas teinté par nos peurs et nos espoirs?  Par ailleurs, la recherche de reconnaissance n’exprime t-elle pas la volonté de la confirmation par autrui d’un sentiment d’utilité que l’on ne trouve pas en soi même?

Ainsi le problème de la reconnaissance au travail est causé par un défaut de connaissance, par l’ignorance combinée des processus de réalisation du travail et des besoins qui se cachent chez ceux qui les réalisent et celui qui omet souvent de les évaluer.


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