L’analytique RH, une amie qui vous veut du bien
Que d’excès en tout genre dans la promotion de l’analytique et la perception de sa valeur ajoutée pour les RH !
Longtemps totalement ignorée des RH, les spécialistes de la décision intuitive, l’analytique émerge désormais comme une méthodologie de choix pour faciliter et améliorer la prise de décision. Moquée quelques fois pour la froideur de son approche des problématiques « humaines » par la statistique (« les hommes ne sont pas des chiffres, n’est-ce pas ? »), elle serait aujourd’hui le « graal des RH ». Devenue « tendance » et incontournable, elle serait la boussole des DRH modernes et visionnaires.
C’est en réalité une « promotion » que l’analytique RH n’a jamais revendiqué elle-même. Car si plusieurs technologies numériques ont rapidement et sans ménagement remplacé des usages analogiques (le téléphone, la photographie, etc.), l’approche quantitative et donc numérique des RH ne se présente pas, bien au contraire, comme le remplacement de l’approche qualitative. L’analytique RH se propose, à l'inverse, de compléter les démarches qualitatives traditionnelles.
Il s’agit, par combinaison de leurs bénéfices réciproques, d’augmenter la qualité du service proposé aux gestionnaires RH (notamment concernant la précision et rapidité des décisions concernant la gestion du capital humain, absentéisme, présentéisme, turnover, QVT, etc). En la matière, et toute proportion gardée, le diagnostic médical offre une référence d’intérêt. Scanners et IRM ont révolutionné la manière d’analyser les problématiques de santé.
Peu de personnes contestent aujourd’hui que ces outils numériques concurrent grandement à la production de diagnostics plus précis et plus rapides que ce qu’il était possible de faire, il n’y a ne serait-ce que 10 ans. Mais le scanner est-il la réponse ? Certes non. Le scanner n’est rien sans le médecin spécialiste pour l’utiliser et pour interpréter ses résultats ! Ceci, parce que le sujet d’étude, le corps humain, est bien trop complexe pour permettre de généraliser une analyse automatisée. Il en va de même des problématiques RH. Egalement enchevêtrées dans l’insondable complexité de l’humain, elles nécessitent l’intervention du spécialiste à toutes les étapes de l'analyse.
Ainsi l’analytique RH est un outil et non une solution. Outil efficace et performant, et disons-le, incontournable car précis, rapide, non intrusif, etc. Mais outil quand même. L’analytique RH est une condition nécessaire mais non suffisante de la décision RH raisonnée, de la gestion performante de la RH. Le discernement version RH devient alors une alchimie subtile d’intuition, d’expérience et de données factuelles savamment produites. Psychologues du travail, sociologues et statisticiens gagnent alors à travailler ensemble, à confronter leurs référentiels d'interprétation. Le statisticien en tout cas, n’est pas hégémoniste et ne revendique rien d’autre que de produire de nouveaux éclairages pour faciliter la compréhension des problématiques et défis RH.